Matière Mobile

Résidence artistique de Dominique Peysson

Descendre les marches jusqu’à l’atome...

à la suite de Samuel Gresillon...

Publié le vendredi 30 septembre 2016, par Dominique Peysson

Un beau voyage jusqu’au bout du bout de la matière

C’est quelqu’un de tout simple qui vient me chercher à l’accueil de l’Institut Langevin (ESPCI), face à Jussieu... Un peu genre bourru-gentil tout en douceur.

Prête, pour la visite ?

Oui.

On descend dans les sous-sols, c’est toujours dans les sous-sols sous le cours de la vie que se font les recherches sur la lumière... pour mieux l’extraire de la pollution des photons qui vient éclabousser le plancher des vaches.
Couloir, à gauche, porte, tout droit, marches, on descend, encore à droite, puis à gauche... je suis perdue. Et me remets toute entière à mon guide.

Petit pièce dans ce laboratoire, dédiée au plus petit du tout petit. Je vais enfin découvrir le secret de fabrication des pointes (les pointes de microscopes à sonde locale, qui se terminent par une extrémité de la taille d’un atome).
Comment diable peut-on fabriquer quelque chose à une échelle qui nous échappe ? Quel est l’outil, nécessairement beaucoup plus gros que l’atome, capable de fabriquer quelque chose de beaucoup plus petit que lui ?

Voilà, c’est ici. Il y a deux montages.
Je regarde... Ah ? Pas plus compliqué que cela ? (oui, au fait, pourquoi faudrait-il quelque chose de très imposant et compliqué, après tout, pour arriver à si peu de matière ?). Mais je demande à voir...

Mon guide m’explique avec patience et pédagogie. Plusieurs techniques de fabrication sont possibles...

Et comme preuve, je peux voir des petites piques plantées dans une mousse...

le regard suit la tige, et s’arrête là où il ne voit plus, juste à la limite... c’est donc là, la pointe de la pointe ? C’est drôlement fort, en fait, d’être devant une limite qui ne s’extrapole pas à l’infini, mais qui reste juste là, devant mes yeux, offerte.

Tu peux la prendre.

Oui ? (fragile ?)

Mais attention : surtout, ne te pique pas avec. Ce serait ennuyeux... (j’essaie d’imaginer une écharde de taille atomique plantée au bout de mon doigt)...

Mais bien sûr, cette petite pique n’est qu’une "entrée en matière"... et je visite les contrées de ce chercheur des profondeurs et ses installations incroyables. On ouvre des sas sur des alcôves, dorées à l’intérieur par des procédés de déposition atomique... Des mondes autres, où l’or devient bleu, rose, arc-en-ciel...

Mais mon guide regarde sa montre... Il faut que je remonte. J’ai laissé mon fils...
On remonte donc à la surface, direction son bureau partagé.

Tout va bien, lui dit son collègue, avec un sourire attendri. Il dort...

Un landau et, tout au fond, un tout petit est parti pour un sommeil tout en profondeur. Il est petit, tout petit petit...